XVI - Léon-Joseph-Jules-Oscar
DASSONVILLE - MANGIN
Léon-Josse Dassonville 1887 -
1975
fut un des pionniers de l'industrie
cinématographique en Belgique
Léon-Joseph-Jules-Oscar DASSONVILLE,
(mon grand-père), fils de
Louis Dassonville
et dElise Pennart. Alias Léon-Josse ou
"Josse" comme il se faisait appeler
est né à La Plante (Namur), le 25 décembre 1887 (acte de
naissance).
A la grande joie de toute la famille, naquit à Noël
ce bon gros garçon a qui l'on donna le prénom de
Léon, "Noël" à l'envers.
(1er page de la lettre de voeux de 1935
de tante Maria Dassonville relatant la naissance de
son neveu) , page 2,
page3 (ouvrez
le lien, attendez quelques instants et cliquez sur le
coin inférieur droit pour agrandir les documents).
Après avoir vécu à Namur, la famille s'établit à
Paris. En 1897, alors qu'il n'avait que 10 ans, il
partit vivre avec ses parents à Lisbonne au Portugal,
où la famille resta environ trois années, pendant
lesquelles Léon-Josse apprit le portugais à l'école.
Je me souviens étant petite, de mon grand-père
assis dans son grand fauteuil me demandant "una
charutta me nigna por favor" (un cigare s'il
vous plaît Mademoiselle).
La famille de retour du Portugal
en 1900, habita à Paris . Ils habitèrent ensuite quelques
années à Bois-Colombe (Hauts-de-Seine) pendant deux ans, puis sons
retournés vivre à Paris où Léon-Josse
poursuivit ses études.
C'est alors qu'il rencontra sa future épouse,
Alice-Marie-Rose MANGIN.
Jeune homme très artiste, il fut très tôt porté
vers la photographie artistique. Avant la guerre 1914,
il travailla à Paris à la Sté Kodak-Pathé France.
A 26 ans, en 1914, il s'engagea avec ses
frères Fernand et Louis comme volontaire de guerre
dans l'armée belge, en campagne sur l'Yser, sous les
ordres du Roi Albert Ier. Il fut d'abord sergent
mitrailleur au 10ème de Ligne et passa au service
cinématographique de l'armée jusqu'à l'armistice
du 11 novembre 1918. Un jour on demanda un
photographe qui puisse aller filmer au front. Léon-Josse
se présenta et risqua bien souvent sa vie. A l'instar
de la France, le gouvernement belge du Havre
constitua à La Panne en 1915, le service
cinématographique de l'armée belge (S.C.A.B) où
Léon-Josse fut chargé des prises de vues. Il se distingua
lors de prises de vues aériennes spectaculaires.
Léon-Josse Dassonville fut
sergent dans le service cinématographique
de l'armée pendant la guerre 1914-1918
Léon-Josse
s'engagea comme volontaire de guerre
|
En
campagne sur l'Yser
Déjà fumeur de pipe
|
A Bruxelles, il travailla à la cinémathèque de l'armée,
ce qui lui donna le goût du métier.
Le sous-officier en permission à
Marseille, rencontra une jolie et gentille jeune
fille française de 20 ans, que l'on surnommait Kiki.
Alice Mangin et Josse
Dassonville
Alice-Marie-Rose MANGIN, celle
qui fut ma grand-mère, était née à Paris (4ème
arrondissement), le 23 mai 1896 (acte de
naissance), au domicile
de ses parents, 3 rue des Rosiers et fut baptisée le
6 juin suivant à la paroisse Notre-Dame des Blancs-Manteaux
à Paris. Elle était la fille de Jean-Jacques-Henri
Mangin, chef du contrôle général à la Banque de
France, né à Plantière-Queuleu (Mosèle-France),
décédé le 12 février 1944 à Grimbergen et de
Louise-Alice Julien née à Marseille le 17 avril
1871 et décédée à Toulouse le 26 juillet 1940 où
elle fut inhumée.
Jean-Jacques-Henri Mangin avait émigré avec toute
sa famille vers Marseille en 1870 devant l'occupation
de l'Alsace-Loraine.
Léon-Josse et Alice s'unirent par le
mariage à Paris (4ème arrondissement) le 26 avril
1917, les parents d'Alice habitant alors au 15, rue
de l'Arsenal et ceux de Léon-Josse, 17 Bb des
Batignolles à Paris. La bénédiction nuptiale eut
lieu en l'Eglise St-Paul-St-Louis et un contrat de
mariage fut passé la veille devant Maître Vigier,
notaire à Paris. (Faire-part
de mariage et extrait mariage)
Alice fut
infirmière pendant la guerre 14-18 à l'hôpital Auxiliaire n°2 à
Marseille, 66 rue St-Sébastien. Entre 1916 et 1918,
elle travailla dans le service du Professeur VINCENT
(membre de l'Académie de médecine, médecin
inspecteur général de l'armée) qui a découvert le
vaccin contre la fièvre typhoïde.
Médaille d'infirmière d'Alice
Mangin
Alice Mangin (au milieu) dans
le laboratoire du Professeur Vincent
La préparation des milieux de culture destinés
à l'expérience du vaccin
Avant de mettre le vaccin dans les ampoules, il faut
s'assurer qu'il ne contient plus aucun bacille vivant.
Pour cela, on ensemence, avec le vaccin, des milieux
de culture sur lesquels le bacille de la fièvre
typhoïde.
prolifèrera aisément s'il existe dans la
préparation vaccinale
En 1919, Léon-Josse retourna à
Bruxelles où il fonda le 16 octobre de la même
année, les Ets L.J DASSONVILLE, laboratoire
cinématographique qui élut domicile chaussée de
Waterloo à St-Gilles (Bruxelles). Une industrie du
film naît alors en Belgique, précédée de peu par
le laboratoire "Meuter". Les méthodes de
travail étaient plus artisanales qu'industrielles.
Son épouse l'aida et l'encouragea dans ses travaux.
La principale activité consistait à la confection
de titres que l'on intercalaient dans les copies
muettes venant de l'étranger.
En mars 1922, un incendie détruisit
toutes les installations. La pellicule qui était en
nitrate de cellulose était à l'époque extrêmement
inflammable. Les ouvriers, encore au travail ont pu
se sauver à temps, mais le bâtiment fut
entièrement détruit. Les dégâts s'élevèrent à
70.000 F, somme considérable à cette époque. Un
nouveau contrat d'assurance avait été conclu peu
avant le sinistre. Léon-Josse ne l'avait pas encore
signé ! Homme droit et honnête, il déclara le fait
à l'assureur, qui devant l'honnêteté de son client
lui paya entièrement les frais du sinistre.
Léon-Josse ne se découragea pas et
courageusement il créa en 1923 avec son frère Louis,
une Société en Commandite Simple au capital de 35.000
FB, financée par le pharmacien Richard Bounameaux de
la rue de Laeken. Ils achetèrent un terrain de 1000
m² à Forest (Bruxelles) au 135-141 rue Berthelot,
où fut construit un laboratoire moderne qui par la
suite devint le premier laboratoire
cinématographique de Belgique. Le bâtiment existe toujours
(1922) et a été transformé en lofts et appartements.
En 1939, la société en commandite simple est
transformée en société anonyme, au capital de 75.000
F qui sera porté à 2 millions en 1792 par
absorption d'une partie des réserves.
Passionné par la photo, il fit de
nombreuses inventions, telle une machine semi
automatique de sous titrage et une machine
automatique de développement de films. Il inventa
également un procédé de films en couleur bichrome.
Ce procédé permit de préparer des positifs
photographiques et cinématographiques en deux
couleurs, comprenant en superposition dans une même
couche sensible, une image photographique au sel d'argent,
teintée en rouge-orangé par exemple et une seconde image
photographique, au sel de fer par exemple, qui était développée en bleu.
Léon-Josse fit breveter ce procédé en 1930
et par la suite il y apporta des perfectionnements
qui furent eux aussi brevetés.
Son premier succès fut le film de
"la procession de Foi Notre-Dame" qui fut
fort apprécié et qui l'encouragea.
L'exposition Internationale de Bruxelles en 1935 a
été immortalisée par un de ses films "couleur"
dont une copie se trouve à la Cinémathèque de
Belgique à Bruxelles. A cette époque, seul,
quelques procédés existaient dans le monde :
Francita, Lumière (frères) en France, Cinécolor et
Technicolor aux U.S.A.
Une Société séparée fut alors créée, la "S.A DASCOLOR" (DASSONVILLE en couleur) et les
premières copies Trichromes firent leur apparition.
Le procédé fut breveté dans le monde entier. Pour
la première fois, une actualité fut intercalée
dans le Pathé-Journal en couleur. Le procédé
Dascolor a été exploité jusqu'au 10 mai 1940.
La guerre et la mobilisation
arrêtèrent donc l'essor de la Sté Dascolor qui ne
reprit plus ses activités après la libération de
la Belgique, des procédés plus pratiques Agfacolor,
Eastmancolor étant apparus sur le marché. Durant
cette guerre, Léon-Josse mit au point, conjointement
avec son fils aîné Jacques (mon papa), un procédé de photo
couleur sur papier, ce qui n'existait nulle part au
monde. Leur procédé ne fut jamais exploité
industriellement et le brevet fut pris par un de
leurs concurrents ! Ils furent néanmoins les
inventeurs de la photo "couleur".
Pendant la guerre 1940-1944, Léon-Josse, son frère
Louis et son fils Jacques,
engagés
dans la Résistance,
dans les services secrets belges de Londres sous les
noms de code de VN/YA180, VN/YA135 et VN/YA 136
firent partie du service "Marc" (ex service
"Luc" débaptisé) des "Services de
Renseignements et d'Action" (S.R.A), sous le
numéro de
matricule 10.013. Parmi
leurs activités, citons plus particulièrement pour
Jacques, la photocopie et le microfilmage de
documents, les relevés de plans d'installations
industrielles économiques de cantonnement de troupes
allemandes, la gare de triage de Forest qui fut
détruite en Juin - juillet 1944. Ils furent aussi
chargés du détournement des cartes secrètes du mur
de l'Atlantique et des Pyrénées, ce qui fut bien
utile pour organiser l'évasion d'aviateurs alliés
et de résistants vers l'Espagne (Ligne Comète).
En plus de cela, couvert par le S.R.A Londres, le
laboratoire copia pour l'armée allemande les films d'actualité
et autres, dont une copie avec les passages les plus
intéressants partait pour Londres. Notons entre-autres,
des indications sur la région côtière (Furnes et
La Panne)
Parmi leurs activités au S.R.A, il faut encore citer
le repérage qui amena la destruction par
bombardements alliés, d'une usine KDF à
Fallersleben (Allemagne) qui construisait des
combustibles de fusées V1 et V2, utilisées sur
Londres, Anvers et Rotterdam.
Léon-Josse reçut la médaille
commémorative de combattant de Croix du Feu 1914-18,
la
médaille commémorative de la guerre 1940-1945 avec deux éclairs entrecroisés, la
Croix de guerre belge et française, la
médaille de la résistance.
Léon-Josse qui fut un des pionniers de
l'industrie cinématographique en Belgique fit l'objet
d'une distinction honorifique qui rejaillit sur toute
la corporation.
Il
reçut le 16 décembre 1955 de la chambre syndicale de la
cinématographie belge,
l'insigne
de "Chevalier de l'Ordre de Léopold II" par arrêté
Royal
du 5 décembre 1955.
Il fut également délégué de la province de
Brabant au sein de la commission administrative de l'Ecole
"Jules Jourdan".
Léon-Josse fut nommé
Chevalier de l'Ordre de Léopold II
Alice et Josse habitèrent au début de
leur mariage au 53, Parvis de St-Gilles, puis
successivement avenue Paul De Jaer et avenue du Roi
à Forest. En 1936, ils achetèrent une villa au 95
avenue Defré à Uccle où ils habitèrent jusqu'en
1952. Après un cambriolage le 5 juillet 1952, ils vendirent
leur villa et iront alors habiter au 173, avenue Winston
Churchill à Uccle jusqu'en 1963 et ils terminèrent
leurs jours dans une nouvelle construction qu'ils
achetèrent en juin 1963 au 50 avenue Winston
Churchill à Uccle.
Ils possédaient un superbe appartement de 5 chambres à Knokke -
Le Zoute, faisant le coin de la digue et de la rampe
du Nord, face à l'hôtel Claridge. Ils y vivaient l'été
et lors des vacances scolaires, enfants et petits-enfants
passaient chez eux des séjours inoubliables. Toute
la famille se réunissait chaque année autour d'un
très grand sapin de Noël décoré par les petits
enfants. Des centaines de cadeaux étaient échangés,
suivis du traditionnel festin de "Mémé"
comme nous l'appelions. Petits et grands étaient
comblés par ces merveilleux grands-parents.
Josse Dassonville (à droite),
Henri Mangin (à gauche)
et Jacques (mon papa) à la villa av Defré
Léon-Josse décédera le 14 septembre
1975 à l'Institut St-Elisabeth à Uccle dans sa 88
ème année. Quelques mois plus tard, son épouse
Alice décédera à son tour, le 23 décembre 1975,
à Petit-Roeulx chez son fils Jacques. Ils furent
tous les deux inhumés dans le caveau familial, au
cimetière du Verewinkel à Uccle Calevoet (Pelouse B
2, avenue 1, fosse 21) auprès d'Henri Mangin, le
papa d'Alice.
Josse au volant de sa voiture
Ford avec son épouse Alice
et ses beaux-parents Mangin
Léon-Josse et Alice eurent 2 fils :
1 - Jacques-Louis-Josse DASSONVILLE - de
GLYMES de HOLLEBECQUE - BUFFE, qui
suit en XVII
2 - Jean-Pierre-Henri DASSONVILLE, qui suit en XVII
Alice et ses deux adorables
enfants
Jacques (mon Papa) et Jean-Pierre Dassonville
Heist 1927
Au milieu, Jacques, à droite,
Alice et Jean-Pierre