XIV  ter  -  Victor DASSONVILLE  -  DESTOMBES

 

 

 

Victor-Charles-Henri-Joseph DASSONVILLE, fils de Martial Dassonville et de Justine Leplat est né à Tourcoing le 28 février 1853. Il fut filateur de coton.

Il apprit à lire et à écrire chez un instituteur (Monsieur Lecomte) à l'âge de 5 ans. Un souvenir de Victor fut qu'il s'y trouvait parmi quelques enfants plus âgés dont l'un d'entre eux était chargé de la noble mission de "torcher" et de "reculotter" les plus jeunes. Quant à lui, il était chargé d'acheter chez l'épicier toutes les denrées nécessaires au ménage Lecomte. Il eut même l'occasion de "touiller" le lait battu du professeur qui pendant ce temps fumait sa pipe en causant des événements du jour avec son voisin d'en face. Il est arrivé souvent à Victor, d'aller chercher pour 2 sous de tabac au Mont-à-Leux à Mouscron qu'il passait en fraude pour son modeste instituteur.

Il entra au collège de Tourcoing en 1861 et en sorti en 1869 avec un bagage scientifique et littéraire qu'il qualifia « d'absolument nul » ! Il entra la même année à la maison de Melle lez Gand pour y passer les années 1869, 70 et 71, se cognant souvent à des "boches" qui se raillaient de leur défaite.
Ses professeurs, contrairement à ceux du collège de Tourcoing, s'occupèrent du lui d'une façon très supérieure et il fit de rapides progrès dans les sciences et dans les langues étrangères, plus particulièrement l'anglais, ce qui lui permit d'éprouver un grand charme à la lecture des ouvrages anglais.

En août 1871, il avait 18 ans et rentra chez lui pour s'occuper de la filature familiale avec ses frères Emile, Gustave et Léon. Sa maman, Justine,  qui connaissait à fond la comptabilité,  le mit au courant de celle-ci.

 En 1872, les établissements Dassonville Frères exploités par Alexis et son frère Louis Dassonville furent repris par Alexis et le matériel réinstallé dans une usine neuve, rue d'Austerlitz. Elle fut incendiée et reconstruite en 1877, aujourd'hui usine de "LA  BLANCHE PORTE".

 En septembre 1875, il fit la connaissance à Tournai de sa chère Joséphine, celle que tout le monde appelait "tante Fine". Un coup de foudre réciproque scella une union qui dura du 3 mai 1876, date à laquelle ils se sont mariés à Tourcoing, au 27 janvier 1919.

Marie-Joséphine DESTOMBES, née à Tourcoing le 11 novembre 1857, était la fille d’Antoine-Joseph, négociant en laines, et de Clémence-Catherine-Joseph Flipo.
La terrible guerre ne permit pas à Victor de prolonger les jours de sa chère épouse. L'absence de nourritures réconfortantes, de pain et de charbon manquant bien souvent, hâtèrent la fin de Joséphine qui mourut à Tourcoing le 27 janvier 1919 à l'âge de 61 ans.

"En mourant paisiblement dans mes bras, elle me répondit, après que je l'eus remerciée pour le bonheur qu'elle m'avait procuré et pour le dévouement qu'elle avait montré à ceux de ma famille et surtout à ma pauvre mère : je n'ai fait que mon devoir ". Ce furent ses dernières paroles. " Puisse son souvenir rester toujours dans vos coeurs".

Son oncle Louis, décédé un an après son père, laissa  une succession déficitaire dont les fils de Martial solidairement associés à toutes les entreprises et commandites de Dassonville frères (Martial et Louis) durent en supporter les conséquences. Par le fruit de leur travail et par le concours généreux de leur tante Legley et de leur cousine Lucie Desnoulet, ils purent liquider cette malheureuse situation sans trop en souffrir et purent se montrer fiers de n'avoir jamais hérité un centime de leurs parents et d'avoir acquit par leur seul travail la situation prospère qu'ils connurent plus tard.

En 1880, Victor avait du s'occuper de la liquidation d'une malheureuse affaire qui fit perdre à sa famille environ 800.000 francs, ce qui était une somme énorme à l'époque. L'affaire fut cédée à un riche négociant de Gand, Monsieur Borreman qui lui offrit une commandite pour monter l'affaire plus grandement. Victor refusa son offre, ne voulant pas laisser son frère Léon et ses enfants sans avenir.

Un jour, Victor se rendit compte qu'il y avait souvent des défauts dans les trames coton utilisées dans le tissu d'ameublement et que ce défaut disparaissait avec les trames cordes produites en Normandie. Il proposa à son frère de monter une affaire qui produirait des trames adéquates à la fabrication de ces tissus. Ils firent des essais dans la petite filature Brutin qu'ils louèrent à cet effet pendant quelques années. Ensuite, ils partirent à Gladbach en Allemagne où la maison Oscar Schimmel leur fit visiter quelques usines.
Léon et Victor firent ensuite construire une filature de coton rue de l'épine à Tourcoing.

Victor écrivit "Je ne crains pas faire tort à ma modestie en me flattant des suites heureuses qui permirent à mon frère Léon de pouvoir établir ses enfants et de permettre à plusieurs d'entre eux d'occuper aujourd'hui une situation enviable entre toutes. Mon vœu le plus cher, serait de mourir en voyant mes neveux unis et d'entraidants. Qu'ils sachent qu'à la fin d'une laborieuse carrière, la plus grande consolation consiste dans le souvenir d'une conscience droite et dans les actes généreux que l'on peut accomplir en travaillant".

Victor s'était remarié à l'âge de 70 ans avec Jeanne DARGENT, femme pleine de qualités qui l'entoura et charma ses vieux jours, faveur dont il remercia Dieu.

Victor n'ayant pas eu d'enfants, dédiera ses mémoires à ses neveux et terminera par les phrases suivantes : "Je termine en vous souhaitant à tous une longue existence et dans vos vieux jours la santé et une vie simple et paisible entourée de l'affection de vos enfants".