XIV bis -
Léon-Louis-Joseph DASSONVILLE - DUBAR
Léon Dassonville et Caroline
Dubar
et leurs deux filles, Anne-Marie à gauche
et Caroline à droite
Léon-Louis-Joseph DASSONVILLE,
fils de Martial Dassonville et de Justine Leplat est né à
Tourcoing le 16 mars 1849, y décédé le 22 juin
1917 à l'âge de 68 ans. Il fut filateur de coton.
Il avait épousé à Tourcoing le 2 février 1875, Caroline
DUBAR, fille de Chrétien-Fidèle-Joseph,
fabricant de tissus et d'Hortence-Liévine-Joseph
Cliquet. Caroline était née à Roubaix le 16
septembre 1851 et décédé à Tourcoing le 14 avril
1919.
Après la ruine de la filature de son
père, Léon se retrouva sans situation. La dot de
Caroline (75.000 F or) avait été engloutie dans la
débâcle.
Le couple habitait avec leurs neuf enfants au 45
Boulevard Gambetta à Tourcoing, une maison
construite pour eux par la maman de Caroline en 1885
et dont elle était toujours propriétaire. Pas de
loyer, mais un entretien très lourd. On devine les
privations de la famille pour paraître riches bien
que ruinés.
Après l'échec de la mise au point d'une
machine à teindre, en collaboration avec un
chaudronnier, Léon se trouvait complétant
désemparé quand son frère Victor vint lui parler
de la carde fileuse. Voici ce que ce dernier a
raconté :
"Chargé de maintenir en activité le tissage d'ameublement
provenant de la liquidation de la Sté en commandite
Prouvost Jeune, je m'étais rendu compte que les fils
dits carde fileuse produits en petites quantités en
Normandie, donnaient au tissu la souplesse et
couvraient mieux les fils de la chaîne. Bien qu'une
commandite me fut offerte par un certain M. Boremans
de Gand pour continuer l'exploitation du tissage, je
proposai à mon frère Léon de m'associer avec lui
pour exploiter une petite filature de laine cardée
alors louée pour y filer des déchets de coton".
Ainsi fut fondée le 15 décembre 1890,
la "Sté Léon & Victor DASSONVILLE &
C°". Magnifique exemple de courage, de
confiance, mais aussi d'entente et d'entraide
fraternelle de la part de son frère Victor et de son
beau-frère Eugène Rigot-Dubar.
Les deux frères totalement ruinés
apportèrent leurs connaissances bien modestes,
puisque l'industrie du cardé leur était inconnue. M.
Rigot-Dubar souscrivait seul, le capital de 50.000 F
or. Cette somme servit à l'achat de quelques
machines, accessoires, aménagement et fond de
roulement. Le matériel loué avec les bâtiments,
comprenaient : vieille chaudière, machine à vapeur
à échappement libre et deux renvideurs alimentés
par cardes à laine sans chapeaux.
Les bâtiments sis rue de l'Epine soit
500 m², comportaient une baraque en bois, qui fut le
bureau de Victor. Léon s'occupait de l'intérieur et
de la surveillance de jour et bien souvent de nuit,
soit 160 heures en deux équipes par semaine. Les
résultats ne pouvaient qu'être maigres.
Léon remettait chaque samedi sa paie à
Caroline, cinq Louis d'or de 20 F ... et ils
habitaient la plus grande maison du boulevard !
En 1892, survint la mort d'Hortence,
maman de Caroline. La part d'héritage revenant à
celle-ci, permit de songer à construire une nouvelle
filature, car le bail de la petite usine de la rue de
l'Epine qui avait été louée pour cinq ans, prenait
fin en 1895.
Monsieur Masquillier-Odoux accepte de
financer toute la construction dont le paiement se
ferait en dix annuités, mais l'usine devait être
érigée sur le terrain lui appartenant qu'il vendit
8 F le m² (la bande de terrain longeant la rue
Jeanne d'Arc était vendue 12 F) à Monsieur
Dassonville-Dubar pour le compte de qui il allait
construire. L'acte de vente ne fut signé que dix ans
plus tard, quand la créance fut totalement
remboursée. Monsieur Masquillier restait en
fait propriétaire du terrain et avait en garantie de
ses avances, les constructions et tout le matériel.
En cas d'insuccès, c'était la ruine totale pour
Léon, seul responsable vis-à-vis de Masquillier et
seul propriétaire du matériel payé avec l'actif
réalisable de la part d'héritage de son épouse.
C'est ainsi qu'en 1896, fut construite l'usine
du Virolois.
La Sté L & V Dassonville & C°
devint locataire de la filature qu'elle exploita
jusqu'au 10 avril 1900, date à laquelle elle fut
dissoute et remplacée par la firme "DASSONVILLE-DUBAR"
pendant quatre ans. La société en nom collectif
"DASSONVILLE-DUBAR Fils" lui succéda en
1904, au moment du mariage de son fils aîné Léon.
Les débuts de Dassonville-Dubar furent
marqués par la crise de 1900 qui causa la ruine de
nombreuses firmes tant en laine qu'en coton. Les
banquiers étaient affolés et très sévères dans l'octroi
des crédits. C'est ainsi que le crédit du Nord mit
Léon en demeure de combler dans les 48 heures un
découvert de 50.000 F. Son beau-frère Rigot-Dubar
intervint pour désintéresser le banquier, mais
imposa des directives d'ordre et d'économie et une
grande prudence dans les achats de matières qui ne
devaient pas dépasser la couverture de vente de
filés et les possibilités de financement.
Les fils de Léon entrèrent à leur
tour dans l'entreprise familiale. Pendant 15 ans, de
1891 et 1905, les résultats furent très médiocres.
Des inventaires en bénéfices modestes alternaient
avec d'autres en pertes. De 1900 à 1905, ils
réalisèrent un bénéfice total de 78.000 F or,
sans frais de gérance. Seul son fils aîné, Léon
était appointé. Les amortissements étaient
pratiqués chaque année et amélioraient la
trésorerie et permirent le remboursement de la
créance Masquillier avant 1904 (160.000 F or).
La comparaison des chiffres cités
permet d'imaginer ce que fut la vie de sacrifice de
Léon et Caroline et de leurs enfants qui durant
quinze ans purent se demander si leur entreprise
était viable. La ténacité de Léon soutenu par le
grand esprit de foi de Caroline devait être
récompensée et leur valoir une dette immense de
reconnaissance de leurs enfants, de celui surtout,
qui se trouve bien malgré lui, seul propriétaire,
ou tout au moins principal bénéficiaire avec ses
fils de cette tentative bien hasardeuse de 1896, où
comme disait Caroline, ils jouaient leur dernière
carte. Nous imaginons leurs soucis, leurs nuits d'insomnie
!
En 1910, Léon céda l'usine à ses
trois fils, Léon, Pierre et André après quatre
années de prospérité qui incitaient ces derniers
à développer la filature. Il leur céda d'abord le
capital de 150.000 F or, puis les bâtiments et le
matériel. Le nom DUBAR continua à figurer dans la
firme et c'était justice. Les capitaux provenaient
de la famille Dubar, notamment de la firme Dubar-Delespaul
spécialisée dans le tissage de tissus de coton.
Caroline fut aussi moralement la plus précieuse
associée de son mari. Animée d'un grand esprit de
foi, elle a soutenu son courage en lui faisant
partager sa confiance dans la réussite de l'entreprise
bien téméraire que fut la construction de l'usine
du Virolois en 1896, réussite attendue pendant dix
ans et bien méritée.
Ils sont tous les deux décédés à
Tourcoing, Léon le 22 juin 1917 et Caroline le
14 avril 1919.
De l'union de Léon et Caroline
naquirent neuf enfants :
1 - Léon-Martial-Fidèle-Marie-Joseph
DASSONVILLE, filateur de coton né à Tourcoing
le 5 février 1877, décédé à Bruxelles le 7 mars
1960. Il avait épousé à Amiens le 12 avril 1904, Marthe-Christine-Marie
VANOYE, fille de Henri-Louis-Joseph, agent de
charbonnage et de Louise-Aimée-Joseph Mulliez, née
à Lille le 17 juin 1877. Sa jeune soeur, Thérèse
épousa le frère de Léon,
André Dassonville. Ils eurent une fille :
a - Marthe-Léonie-Louise-Marie-Joseph
DASSONVILLE, née à Tourcoing le 26 février
1905 épousa en 1925, Philippe GERARD. Le
couple a habité à Ixelles en Belgique.
aa - Marthe GERARD
bb - Philippe GERARD
cc - Michel GERARD
2 - Joseph-Marie-Justin-Carlos
DASSONVILLE, né à Tourcoing le 7 mars 1878,
décédé à Lille le 16 mars 1944. Il fut religieux
de la Compagnie de Jésus, chevalier de la Légion d'Honneur,
croix de guerre (5 citations). Il obtint le prix
Monthyon pour son livre "Pour relever les
ruines" (25 novembre 1920).
CITATIONS
DECERNEES A JOSEPH-MARIE DASSONVILLE
CITATION AU CORPS D'ARMEE
L'aumônier Dassonville Joseph, du 124e
R.I.
Aumônier superbe de bravoure et de
dévouement. Pendant la journée du 22 mai 1916, a
prodigué, sous le feu le plus violent, ses
encouragements aux blessés et élevé le moral des
combattants par son magnifique exemple et son complet
mépris du danger.
Au Q.G. le 16 juin 1916
Le général commandant le 3e corps d'armée,
LEBRUN
CITATION A L'ORDRE DE LA IVe ARMEE
Aumônier volontaire. Pendant la
période du 27 mai au 14 juin 1917, n'a pas hésité
à se porter jusqu'aux premières lignes pour porter
les secours de son ministère et cela malgré les
plus violents bombardements, notamment les 27 et 31
mai et le 10 juin. A mérité qu'à son passage,
un soldat dise à son camarade :
"Oh ! Regarde donc l'aumônier ! Il
passe au milieu des marmites et ne se baisse même
pas". Exemple admirable du mépris du danger.
Au Q.G, le 27 juin 1917
Le Général commandant la IVe armée,
GOURAUD
CITATION AU CORPS D'ARMEE
Aumônier du régiment, qui depuis le
début de la préparation de l'attaque, a porté aux
unités en ligne le réconfort de sa présence.
Depuis le 15 juillet 1918, n'a pas quitté un instant
les lignes, malgré les violents bombardements
auxquels elles étaient soumises.
AU Q.G, le 7 septembre 1918
Le Général commandant le IVe corps d'armée
(illisible)
G.Q.G DES ARMEES NORD ET NORD-EST
En vertu des pouvoirs qui lui sont
confiés par la décision ministérielle N° 12.285 K.
du 6 août 1914, le Général commandant en chef a
fait, à la date du 13 novembre 1918, dans l'ordre de
la Légion d'Honneur les nominations suivantes :
Chevalier : M. Dassonville Joseph-Marie, aumônier à
la 4e section infirmiers militaires, groupe de
brancardiers d'une division d'infanterie.
Au front depuis le début de la Campagne, a toujours
fait preuve, dans les plus graves circonstances, des
plus hautes qualités de dévouement, de calme et de
bravoure. Méprisant le danger, s'est toujours
prodigué auprès des blessés sur le champ de
bataille. A fait, depuis quatre ans, l'admiration du
Régiment par son courage et sa charité inépuisable,
à Andechy, Perthes, Baconnes, Verdun, eu Casque et
au Téton, puis à l'offensive du 15 juillet 1918.
A été blessé grièvement en Champagne,
le 5 octobre 1918, au cours du combat d'Orfeuil.
Cette nomination comporte la Croix de guerre avec
palme.
Au G.Q.G, le 15 novembre 1918
Le Général commandant en chef
PETAIN
CITATION A L'ORDRE DU REGIMENT
D'une bravoure légendaire au Régiment.
Dans la nuit du 26 au 27 octobre 1917, au Mont-Blond,
après avoir exalté bien haut les soldats d'une
compagnie chargée d'exécuter une incursion profonde
dans les tranchées ennemies, s'est élancé à l'attaque
pour venir en aide aux blessés le plus tôt possible
et à secouru dans la première ligne ennemie, un
Allemand très grièvement blessé qu'il a réussi à
ramener dans nos lignes.
A Charlieu (Loire), le 6 février 1919
Le Lieutenant-Colonel commandant le 124e
R.I
DE LA GIRAUDIERE
3 - Georges-Emile-Louis DASSONVILLE,
né à Tourcoing le 30 décembre 1879. Il fut
religieux Rédemptoriste, supérieur à Riobamba en
Equateur et ensuite, Vice-Provincial des
Rédemptoristes à Buga (Valle) via Colon en Colombie.
Il est décédé à Buga en Colombie le 30 juin 1962.
4 - Pierre-Gustave-Joseph DASSONVILLE -
ROUSSEL, qui suit
en XV
5 - André-Carlos-Jules DASSONVILLE -
VANOYE, qui suit en
XV
6 - Anne-Marie-Eugénie-Paul-Vincent
DASSONVILLE, née à Tourcoing le 19 juillet 1887,
y décédée le 31 mars 1966. Elle était
célibataire.
7 - Edouard-Léon-Louis-Charles
DASSONVILLE, agent d'assurances à Casablanca au
Maroc, né à Tourcoing le 24 décembre 1890,
décédé le 21 juin 1941. Il épousa à Tourcoing le
15 mai 1920, Magdeleine-Elvina-Sidonie-Marie
LORTHIOIS, née à Tourcoing le 5 février 1894,
fille de Charles-Jean-Baptiste, négociant en laines
et de Léona-Augusta-Marie Renard. En 1962 ils
habitaient à Fontenay-aux-Roses (Seine).
8 - Joséphine-Victor-Marie
DASSONVILLE, est née à Tourcoing le 11 janvier
1893, religieuse Bernardine à Audregnies en Belgique.
Elle fut également religieuse dErquemes.
En 1962, elle fut Bernardine à Westcliff on Sea (Essex)
en Angleterre où elle est décédée en 1984.
9 - Caroline-Justine-Hortence-Marie-Joseph
DASSONVILLE - HUBERT,
qui suit en XV